Des Arts Martiaux

S’il est des arts, dont l’usage controversé, règne contesté ou incontesté, ce sont bien les Arts Martiaux.

Défense ou attaque, la victoire seule compte, il peut y aller du prix de la vie.
Cette proximité avec la mort, a pour résultante positive dans le conditionnement du pratiquant, d’une acceptation, d’un lâcher prise, d’une connaissance de soi, des autres et de la vie en général, imprégnés d’une philosophie et d’une sagesse particulière.

Qu’ils soient occidentaux ou asiatiques, ils sont toujours garants de valeurs chevaleresques, ou la force est au service du bien. La notion de pratique et de discipline y est aussi récurrente. Atteindre la Maîtrise est l’objectif, chacun étant son propre challenger en définitive.

Mais la vigueur physique est passagère, et seul la connaissance et la capacité à utiliser le Chi, ou l’énergie qui nous entoure, permet à un individu d’être fort dans le temps.

Là se crée une scission entre les arts martiaux occidentaux, axés sur des techniques plus physiques que spirituelles, et l’approche imprégnée de Zen et de bouddhisme de leurs analogues de l’extrême orient ou le mysticisme est intégré comme composante à part entière.

De « L’art de la guerre » de Sun Tzu à « La guerre » de Klausewitz, nombres de traités exposent stratégies et philosophies, tant militaires que politiques, pour obtenir et/ou garder le pouvoir via le contrôle, de soi donc des autres, car tout commence toujours par soi.

A l’échelle du simple soldat, ou du pratiquant il en va autrement dans l’exercice quotidien, bien que la stratégie soit tout aussi fondamentale dans l’approche.

Des fondamentales récurrentes ressortent des différentes pratiques, qu’elles soient souples ou dures, et au-delà de leurs techniques respectives :

Tout d’abord l’équilibre, et donc les appuis, nécessaires connexions au sol pour développer de la puissance.
Ensuite la force, la souplesse et la maîtrise de son corps et de son esprit.
Et enfin la notion de rotation, l’accélération qui amplifie ou résorbe l’énergie impulsée.

Le corps ainsi spirituellement maîtrisé et connecté au sol, peut commencer à apprendre des techniques via une pratique disciplinée et répétitive, et fort de l’harmonisation de l’ensemble des éléments menant à la « perfection » du geste ou du mouvement, sentir en lui
un calme et une plénitude générée par cette connexion à l’ensemble énergétique des choses.

La devise des grands maîtres en la matière, est l’ultime étape de l’avancée, celle ou l’individu ne fait plus qu’un avec «  le Tao » ou « Dao », ou l’énergie de la vie et de l’espace.
Alors il n’y a plus ni attaque, ni défense. L’être est dans le mouvement harmonique parfait.

A un niveau plus accessible au pratiquant, il faut vaincre sans combattre. Tel est la preuve d’une grande maîtrise, la capacité à prévoir et anticiper, et mener les situations de telles sortes que l’objectif est atteint sans combat.

Si combat il doit y avoir, alors il doit être bref et décisif.

Au niveau du débutant, l’apprentissage sérieux d’une technique passe par une phase d’assouplissement et de musculation du corps, d’exercices au corps à corps avec des partenaires, avec des techniques simples pour commencer.
Ceci afin de familiariser le corps et l’esprit au choc et au combat, bien que dans l’idéal, il est presque toujours possible d’éviter les zones et situations à risques, en suivant son instinct et ses connaissances.

Cette sagesse de l’anticipation et de la stratégie, est aussi la base en matière de techniques de combat. C’est en anticipant et contrattaquant que l’on obtient la victoire.

La règle d’or à ne pas oublier et appliquer si possible, c’est qu’en cas de mise en situation a risque conflictuel, par défaut de vigilance anticipatrice, il est judicieux de négocier, éviter, fuir, combattre, dans l’ordre sis énoncé.

Tenter de calmer par le discours, si cela semble impossible, partir à grands pas sans s’arrêter en demandant pardon, si vous êtes suivi dans cette démarche prendre le pas de course et se diriger vers un lieu fréquenté, si aucun refuge ne se présente à temps, et que le combat s’annonce imminant, utiliser l’art et la stratégique pour obtenir la victoire.

Ceci ne devrait jamais vous arriver si vous avez travaillé l’éveil et le calme en vous.

Une des personnalités dont l’œuvre m’a le plus inspiré philosophiquement est Miyamoto Musashi, un samouraï du 16-ème siècle, devenu ronin, et ayant combattu et vaincu les plus grands maîtres de différentes techniques de sabre, avec 60 combats à son actif. En avançant dans l’âge il créa l’école des techniques de combat à deux sabres et écrira «  Le traité des cinq roues » qui explique et enseigne son style. Le Dokkodo quand à lui est un recueil d’une vingtaine de courts préceptes dont les sens profond, inspirés du Tao, et du Zen sont un condensé de pratiques, de stratégies et d’approches s’appliquant à tous les points de la vie : arts, commerce, nature, univers, soi et les autres, et dont le but est de rendre tout un chacun maître de lui-même, et donc de sa destinée. Tout vient de nous, rien d’extérieur ne peut nous écarter de nous-même, ou combler ce qui manque. En anglais ce titre se traduit comme «  The path of aloneness », ou « La voie de celui qui avance seul ».

Chemin de discipline éminemment individuel, avec une acceptation nécessaire de l’idée de la mort, les arts martiaux développent chez les adeptes, les valeurs d’honneur et de sacrifice, reflets d’une expression naturelle d’amour inconditionnel, ou l’intégrité de l’âme doit passer avant celle du corps.

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